Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 12,1-7.
Comme la foule s'était rassemblée par dizaines de milliers, au point qu'on s'écrasait, Jésus se mit à dire, en s'adressant d'abord à ses disciples : « Méfiez-vous bien à cause du levain des pharisiens, c'est-à-dire de leur hypocrisie.
Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu.
Aussi tout ce que vous aurez dit dans l'ombre sera entendu au grand jour, ce que vous aurez dit à l'oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits.
Je vous le dis, à vous mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus.
Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d'envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c'est celui-là que vous devez craindre.
Est-ce qu'on ne vend pas cinq moineaux pour deux sous ? et pas un seul n'est indifférent aux yeux de Dieu.
Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde.
La foule se compte désormais par dizaine de milliers - et une telle foule, même à cette époque, ne peut qu'éveiller l'attention, non seulement des autorités religieuses, mais aussi d'Hérode et des Romains, bien sûr. Il y a donc danger. Mais Jésus, s'adressant d'abord à ses disciples (c'est-à-dire à nous aussi, qui devons témoigner de l'Amour) nous met en garde contre un autre danger, beaucoup plus grave : celui d'être comme désignaient les Indiens d'Amérique, des 'visages pâles à la langue fourchue'. C'est un engagement sans retour, il est important de le savoir et il est important de vivre en conséquence. Comment toucher le coeur des hommes si l'on est divisé en soi-même ? Le vrai danger, c'est cela: c'est, au jour du jugement, de se découvrir tels qu'on a été, hommes partagés en eux-mêmes à qui Dieu avait confié de susciter l'unité dans le Christ. Certes, les ennemis de la foi auront recours jusqu'au meurtre pour préserver leur pouvoir temporel, mais quiconque vit dans la vérité sait que la mort violente n'est rien à côté du châtiment de la géhenne. Ce discours sévère, Jésus le teinte d'une touche de liberté et de vie abondante: ce sont ces moineaux, que les hommes considèrent pour rien, mais qui connaissent l'ivresse de savoir à volonté de s'échapper dans les airs. Je ressens très fort que si je vis sans regret de tout ce que j'aurais pu vivre - mais hors de l'Amour, alors c'est bien l'Amour qui m'apportera, dès ce monde, de nouvelles joies inédites, des émerveillements profonds, un détachement qui se meut en élévation dans la grâce. Et je parle que de réalités déjà vécues.