"Vous le savez : ceux que l'on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur.
Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous :car le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »(De Mc 10, 32-45)
Que le Fils de l'homme soit venu pour être servi mais pour servir, j'ai songé que cela se constatait déjà dans la création. Elle est là, la terre, la planète et tout ce qu'elle contient. Nous l'avons tant fatiguée, mais elle nous soutient toujours. Nous la disons nôtre, mais nous l'avons simplement reçue. Oui, notre planète bleue est un chef d'oeuvre. Cependant, lorsqu'un artiste renommé a peint une toile, il pose en bas à droite sa signature et c'est ainsi, d'une part, qu'il s'en déclare non seulement l'auteur mais aussi le propriétaire. Il signe aussi bien pour dire: "C'est moi qui l'ai fait" que pour dire aussi : "J'en suis le premier propriétaire". Or, quand Dieu a tout créé, y compris l'homme, Il s'est retiré. Il n'a pas signé. Il n'a pas dit: "C'est Moi qui ai fait tout cela". Il n'a pas dit non plus: "Vous êtes à Moi et Je peux faire de vous tout ce que Je veux". Mais non: Il s'est retiré de la création. Sa signature est comme une question implicite: "Vous, qui dîtes-vous que je suis ?"
C'est à la petite Simone Weil que je dois cette découverte. Les petites sentences qu'elle a notées dans : "La Pesanteur et la Grâce", mais aussi dans "Attente de Dieu", sont d'une immense richesse. Elle avait compris, comme nous le devrions nous aussi, que ce qui cause une grande gloire, c'est ce qui soutient tout le reste. C'est la pierre rejetée par les bâtisseurs qui est devenue la pierre d'angle. C'est une merveille que la vie, mais il est plus merveilleux encore de savoir donner sa vie chaque jour pour l'amour de Dieu ! Archimède s'était exclamé: ""Donnez-moi un point d'appui, et je soulèverai le monde !". Eh bien le levier fera l'admiration de tous, mais le point d'appui, c'est cela qui permet ce soulèvement. Je remercie encore le Seigneur, en ce jour, de m'avoir rappelé que si le monde, que domine le prince de ce monde, est comme une machine à broyer les hommes, il suffit pourtant d'un grain de sable pour l'enrayer et la rendre inefficace. C'est le grain de sable qui compte, c'est le plus petit élément qui peut tout changer. S'il y a dix milliards d'êtres humains sur la terre, ils ont sont tous divisibles par un, et le un, c'est le Christ.