Livre des Proverbes 2,1-9.
Mon fils, accueille mes paroles, garde précieusement mes préceptes,
rends ton oreille attentive à la sagesse, incline ton coeur vers la vérité.
Oui, si tu demandes le discernement, si tu appelles l'intelligence,
si tu la recherches comme l'argent, si tu creuses comme un chercheur de trésor,
alors tu comprendras la crainte du Seigneur, tu découvriras la connaissance de Dieu. Car c'est le Seigneur qui donne la sagesse ; le savoir et l'intelligence sortent de sa bouche. Il tient en réserve son secours pour les hommes droits, il est un bouclier pour ceux qui suivent la bonne route ; il protège les sentiers de la justice, il veille sur le chemin de ses amis. Alors tu comprendras la justice, l'équité, la droiture : les seuls sentiers qui mènent au bonheur.
Tout cela est dit et bien dit, et dit bien avant que le verbe s’incarne. Cette sagesse ne contredit en rien l’enseignement du Christ, puisque le Christ en est la source. J’ai frémi de joie ce matin en entendant : « Rends ton oreille attentive à la sagesse » et « Incline ton cœur vers la Vérité ». L’attention à la sagesse m’a fait songer à Simone Weil, pour laquelle j’ai désormais une grande affection… d’autres ouvrages sont publiés, qui étonnent : la méthode rigoureuses appliquée par la jeune philosophe à la recherche de la vérité, est en définitive, accessible au plus grand nombre. Il serait profitable à tous de l’adapter dans la formation des jeunes, et à tous les points de vue. Dans la seconde sentence, qui suit directement la première, il m’a rappelé le vers du poète : « J’ai vécu debout, mais incliné du côté du mystère ». Tous simplement à cause de mon éducation, de mes goûts littéraires, mais aussi de ma « belgitude », car Jacques Brel disait aussi « Vivre, c’est être raide » et je crois que tout cela fait de moi un homme raide, mais au cœur constamment incliné du côté de la Vérité.
Les deux attitudes sont tout à fait conciliables : pour un chrétien, vivre dans le monde nécessite autant d’attention que de discipline, mais « l’inclination » indique un mouvement du cœur. Hugo parle du mystère, et il a raison : la Vérité est un mystère et elle le restera jusque dans l’éternité. Et je me dis à ma façon : je suis raide, mais incliné du côté du Christ.
C’est la fête de saint Benoît, un homme tout à fait particulier pour son époque. En lisant cet extrait d’une encyclique de Pie XII écrite à son sujet, je me suis rendu compte combien la première lecture est tout à fait adaptée à pour sa fête :
« Tandis que le monde s'était vieilli dans le vice, que l'Italie et l'Europe offraient le spectacle affreux d'un champ de bataille pour les peuples en conflit et que les institutions monastiques...étaient moins fortes qu'il n'aurait fallu pour résister..., Benoît, par son action éclatante et sa sainteté, a témoigné de l'éternelle jeunesse de l'Église. Par la parole et par l'exemple de la discipline des moeurs, il a restauré et entouré la vie religieuse d'un rempart de lois plus efficaces et plus sanctifiantes. Plus encore : par lui-même et par ses disciples, il a fait passer les peuples barbares d'un genre de vie sauvage à une culture humaine et chrétienne. Les convertissant à la vertu, au travail, aux occupations pacifiques des arts et des lettres,
il les a unis entre eux par les liens des relations sociales et de la charité fraternelle... » Encyclique « Fulgens radiatur » du 21/03/1947