Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,30-35.
Après la multiplication des pains, la foule dit à Jésus: "Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire? Quelle oeuvre vas-tu faire? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l'Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif.
La foule n'a guère été satisfaite par la réponse du Christ à sa demande, dans l'Evangile d'hier. Hésitante, elle retombe sur son pied gauche et demande un signe avant de pouvoir croire en Lui. La multiplication des pains et des poissons n'était-elle pas assez éloquente? Mais elle est déjà oubliée, reléguée. La question revient de nouveau : comment obtenir ce pain mystérieux qui dure jusque dans la vie éternelle, comment le fait de croire peut-il épargner de devoir manger matin, midi et soir? Ils parlent de manière terrestre, ils restent sur un seul plan, tandis que la parole de Jésus les plans, le terrestre et le céleste, l'humain et le divin.
Est-il possible donc de demeurer vivant uniquement par la foi en Jésus, le pain qui descend de Dieu et donne la vie au monde ? Oui, cette parole est vraie et vaut sur les deux plans. (Ou bien que l'on m'explique comment Marthe Robin a pu "tricher" depuis son lit de souffrance pour s'alimenter, durant cinquante ans, d'un autre pain que l'hostie...) Mais il y a d'autres réponses possibles que de donner le nom de Marthe Robin.
Après sa rencontre avec la Samaritaine, Jésus dit aussi aux disciples : "J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Ma nourriture, c'est d'accomplir la volonté de mon Père". Je ne sais pas s'il vous est arrivé, mais à moi, oui, de sauter un repas pour arriver au bout d'un travail qui vous passionnait. Vous avez tout simplement oublié de manger. Plusieurs fois, lorsque je me sens absorbé par un texte que je désire explorer à fond pour pouvoir y revenir ensuite uniquement par la mémoire, j'oublie mon estomac, j'arrive en retard et je mange léger. Le phénomène est connu sous d'autres formes, puisqu'on dit facilement: "Quand j'ai appris cela, j'ai eu l'appétit coupé".
Le pain de Jésus, le pain qu'est Jésus est tout entier amour de miséricorde. Si nous plaçons nos vies entre ses mains, nous pouvons être certains de parvenir dans le Royaume, non seulement comblés des biens qui ne passent pas, mais sans avoir manqué non plus des biens qui passent. Il n'est guère étonnant que le pain quotidien fasse l'objet d'une demande particulière dans le Notre Père !