Evangile de Jésus Christ selon saint Luc
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre cœur ne s'alourdisse dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste.
Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre.
Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. » (Lc 21, 34-36) Cy Aelf, Paris
Il me plaît beaucoup dans ce texte que les soucis de la vie soit mis sur le même pied que la débauche et l'ivrognerie. Et pourquoi ? Parce que les soucis de la vie, lorsqu'ils prennent trop de place dans l'esprit d'un homme, le poussent facilement à l'ivrognerie - et de l'ivrognerie à la débauche. On me dira que l'ivrognerie ne conduit pas forcément à la débauche - car l'on pense directement au sexe, mais si l'on regarde la définition de débauche, on trouve: "usage excessif et/ou déréglé de tous les plaisirs des sens".
L'ivrognerie, j'avoue que j'ai connu cela. Même après ma conversion, dans des des moments de découragement. C'est d'ailleurs pourquoi (le jour où je me suis rendu compte que je conduisais en état d'ébriété), j'ai adopté des disciplines très strictes. Ni alcool ni tabac.
A propos de l'ivrognerie, on peut dire qu'elle survient dès que l'on traîne dans un bar dans l'idée de satisfaire son cœur par des rencontres. L'ami Christophe, qui est athée et qui se suicide lentement à la bière, appelle cela "mes relations sociales". Et il dit: "Sans ma vie sociale, je me jette dans le fleuve !" En réalité, il s'agit plus d'une relation avec l'alcool qu'avec des hommes. Les personnes des deux sexes avec qui l'on échange des paroles en état d'ivresse sont dans la même situation: elles ne cherchent pas vraiment à renouer des liens, qu'à baigner dans une ivresse passagère mais qui donne l'illusion que tout demeure possible.
La débauche finit par remplacer l'ivrognerie lorsque celle-ci ne suffit plus. Jean-Paul, un converti qui vient me voir chaque matin (plus une goutte d'alcool depuis trois ans, une prière à la chapelle et une messe par mois... et des tas de services rendus) m'a raconté comment l'alcool l'avait conduit à la débauche: après la bière, ce furent de grandes sorties au restaurant, du champagne, des alcools, de belles voitures et de nombreuses femmes...) et le divorce, la ruine et une courte peine de prison ont suivi. Désormais, il vit seul et pauvrement (une chambre, pas de télévision, le minimum en vêtements).
Ancien grutier, disposant jusqu'à l'âge de la pension (dans deux ans) d'un revenu de remplacement suffisant, il vit de presque rien et reverse la majeure partie de son allocation à ses deux filles: "C'est ma pénitence pour mes folies", me dit-il souvent. Il parvient à donner chaque mois trois cents euros à l'une et trois cents à l'autre.
Les soucis exagérés alourdissent donc le cœur aussi bien que l'ivrognerie et la débauche. Et un cœur alourdi n'est pas prêt pour la rencontre avec le Seigneur. Je hausse des épaules avec agacement lorsqu'on m'apprend la mort d'une connaissance - dont ce copain du "bon vieux temps" qui s'est crashé en moto au retour d'une soirée trop arrosée. "Il est mort sur le coup, c'est sa chance !", m'a-t-on dit, il n'a pas eu le temps de souffrir"... Je ne réponds pas car il y aurait tant à dire à ce sujet ! Je ne vis certes plus dans le même monde ni le même temps...