Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 5,13-16.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Cet Evangile, aujourd'hui, m'est un encouragement. Etre le sel de la terre, c'est gardez vivant en moi l'amour de Jésus, l'amour de mon Seigneur, de telle sorte que je serai signe pour Lui devant les hommes. Je ne serai qu'un pauvre petit signe, certes, mais les petits signes montrent tout de même une direction à suivre pour celui qui ne sait plus ni où se rendre, ni comment. Ce n'est vraiment pas grand chose d'être présent à son travail chaque jour, été comme hiver, et quatre hivers sans chauffage. Au quotidien, je n'ai souvent vu que ce que j'avais à supporter. Mais après vingt ans, un client m'a révélé que "à telle période de ma vie, je m'en suis sorti en voulant imiter ta patience"... Mais il ne s'agissait pas de ma patience, bien entendu. Cette patience, je l'avais moi-même calquée sur celle d'un "ancien prêtre", qui n'a jamais manqué une messe et qui à désormais 84 ans ! Et il en va de la patience comme d'autres valeurs que le Seigneur fait paraître à notre insu aux regards des hommes. Ceux qui ont le sourire aux lèvres en vous écoutant parler, comme si votre voix était un violon; ou ceux qui posent les bonnes questions - qui donnent envie de répondre. Et il y a les artisants du bonjour, des salutations qui encouragent, le courage des personnes âgées, et le jeune âge de ceux qui leur portent secours, etc.
Et il me faut être aussi la lampe qui brille dans ma maison. Je me crois beaucoup plus engagé dans ce labeur que dans l'autre. Si je suis un grain de sel pour mon frère, c'est Dieu qui l'a permis, ce sont des grâces dont je ne peux certes m'attribuer aucun mérite. Mais la lutte contre mon péché, j'y peux consciemment quelque chose, c'est un travail auquel je suis attendu chaque matin. Je peux dire que cela commence par une lutte contre la paresse, bien sûr. L'image me vient du silex frappé contre du silex, qui produit des étincelles. Mais je songe aussi que la lumière, au départ, est chaleur aussi. Si je ne réveille pas mon coeur, si je ne l'expose pas au rayonnement du Christ, à l'Eucharistie ou dans la prière, d'où viendra la lumière. Pour une grande part, je crois donc que je suis responsable de la lumière qui brille dans ma maison. Et une fois de plus, l'Evangile répond à l'Evangile. Les autres doivent voir ce que je fais de bien... et ils en rendront gloire à Dieu ! En finale, on juge un arbre à ses fruits, un chrétien qui ne brille pas par ses bonnes oeuvres ressemble à l'un de ses arbres dont les fruits paraissent bons à manger mais qui sont remplis de venin. Si un homme ne brille pas par ses bonnes oeuvres, c'est que sa lumière n'est que ténèbres et malheureux celui-là ! Ce n'est pas seulement ce qu'il a dit de mal dans le secret qui sera crié sur les toits, mais aussi ses pensées mauvais, son odeur de moisi, sa morale rongée des vers, sa putréfaction latente. Bref, il faut être du pur métal dont on fait les meilleures lames !