Je me souviens avoir cité Jean Lafrance, hier. J'ai repris son dernier livre "Jour et Nuit". Je le fais chaque fois que j'ai difficile de prier, que je replonge dans un doute qui dure... Lui même parle de son doute personnel, alors qu'il a passé les deux tiers de sa vie à prier et à prêcher sur la prière. (Sauf que dans ce dernier livre, il est confronté à un cancer - dont il a demandé de guérir, mais la guérison ne vient pas). Bref, voici ce qu'il écrit.
Il raconte d'abord comment il s'adresse à la Vierge Marie (qu'il appelle "la toute-puissance suppliante"), puis il demande aux saints d'intercéder pour lui, et encore à ses proches déjà partis. Après cela, vient le passage que j'ai lu hier soir:
"Et puis, à certains moments, sans qu'on sache pourquoi, souvent après avoir touché le fond de notre incrédulité, la prière jaillit en nous, d'abord comme une petite étincelle sous la braise, mais le coeur est réchauffé. Alors on se met à supplier, et la prière peut devenir comme un grand feu. Les Pères du désert parlaient des colonnes de feu pour désigner les hommes de grande prière. On voyait les dix doigts d'Arsène comme comme dix torches brûlantes et il disait: "Tu peux devenir feu toi-même !" Quand on est alors visité par cette prière, toutes les peurs, les souffrances, les angoisses s'évanouissent. Il n'y a vraiment que la prière qui remédie à tout. j'écris cela aujourd'hui pour que tous les hommes de la terre, si c'était possible, en soient convaincus"...
Avant même d'avoir découvert ce livre et lu ce texte, j'avais expérimenté, au cours d'une de mes "marches-prières", l'étrange sensation d'avoir franchi un seuil en allongeant le pas et d'avoir quasiment pénétré dans "l'antichambre du paradis".... Ce n'était pas au moment le plus facile, mais au cours d'une période de sécheresse. Je partais, je marchais et je priais. C'est un peu ce que raconte le "Pèlerin russe". Mon corps apaisé par la prière, mon esprit vidé par la marche, s'ouvrait sur "autre chose" qui était bienheureux et dans lequel toutes mes questions se dissolvaient: j'étais heureux, heureux sans raison, voilà tout.