Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,31-36.
Celui qui vient d'en haut est au-dessus de tout. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu, et personne n'accepte son témoignage.
Mais celui qui accepte son témoignage certifie par là que Dieu dit la vérité.
En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l'Esprit sans compter.
Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
Chez Jean, je retrouve toujours le verbe "demeurer" avec une sensation de douceur et de chaleur, comme une présence intime et heureuse. Cependant, ici, c'est la colère de Dieu qui demeure sur celui qui refuse de croire... Et je me pose la question: Seigneur, est-il si simple, pour un homme, d'abord de croire, et ensuite de subir la colère de Dieu s'il a, ensuite, refusé de croire ?
Cette question monte en moi de ces années d'obscurité, qui sont encore latentes, quelque part dans les profondeurs de mon "petit moi" avant ma conversion... En réalité, chaque fois que nous commettons une faute, n'est-ce pas comme si nous refusions de croire ? N'est-ce pas, à chaque fois, comme l'endurcissement de coeur des scribes et des pharisiens, que nous reproduisons ? A partir du moment où j'ai cru, j'aurais tellement voulu tracer une ligne toute droite ! Mais il ne s'agit, le plus souvent, que d'une pauvre ligne toute brisée et je ne peux qu'espérer qu'elle soit regardée de très-haut...
D'où l'importance des sacrements. Le sacrement de Réconciliation, bien sûr, mais je songe aussi à l'Eucharistie où l'âme puise des forces, et je songe encore à la prière, et aux exercices quotidiens. Ce ne sont pas des exigences, tellement difficiles, car l'Esprit nous y pousse et nous en donne les moyens.
J'écrirais volontiers qu'il existe une sorte de nouveau sacrement, qui est celui de la solitude.
J'ai lu cette étymologie du mot sacrement « signe visible et efficace de l'amour de Dieu » ... La personne qui reçoit le sacrement reçoit à travers lui le « don de l'Esprit ».
Il est difficile d'accepter la solitude, de la supporter sans chercher à s'en soustraire de toutes les manières possibles. Je suis très certainement influencé par mes dernières lectures de Simone Weil, car j'ai découvert chez elle cette même pensée: le signe visible et efficace de la présence de Dieu, c'est justement le sentiment de son absence. Sentiment douloureux, qui semble parfois cruel et intolérable. Mais cette peine est un terrain solide sur lequel avancer ! S'il n'y avait pas cette difficulté, nous n'avancerions jamais, nous ne ferions aucun effort. Pour s'en convaincre, il suffit de songer au nombre de distractions que le monde propose : c'est comme si l'homme n'avait pas été "équipé", dès la naissance, pour savoir se passer de sons et d'images !
Je retrouve une idée similaire dans l'Evangile où nous voyons Jésus, après son baptême par Jean, "poussé par l'Esprit au désert." Finalement, je ne retiens pas le mot de sacrement, mais sûrement celui du "don de l'Esprit". Il faut bien que nous subissions la solitude, car notre faim et notre soif d'aimer ne peuvent que s'accroître par elle. Il faut savoir se réjouir d'une potion un peu amère lorsque nous savons qu'elle nous guérira !