Première lettre de saint Jean 1,1-4.
Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c'est le Verbe, la Parole de la vie. Oui, la vie s'est manifestée, nous l'avons contemplée, et nous portons témoignage : nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui s'est manifestée à nous. Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ.
Et c'est nous qui écrivons cela, afin que nous ayons la plénitude de la joie.
C'est nous qui écrivons cela, afin que nous ayons la plénitude de la joie. Je note d'abord que Jean n'a pas écrit: "Nous vous écrivons cela afin que vous ayez la joie", mais "Nous écrivons, nous témoignons afin que nous-mêmes ayons la joie en plénitude." Cela veut bien dire ce qu'éprouvent les premiers apôtres. Chez eux, le témoignage est essentiel, évident: comment pourraient-ils vivre sans témoigner ?
Et moi aussi, ce matin, je suis dans la joie. Levé malgré moi, prêt en un quart d'heure, je suis parti pour l'Eucharistie alors que le thermomètre est descendu à moins 4 degrés cette nuit et que l'on nous annonce moins 7 la nuit prochaine. A mon retour, je suis passé saluer ma maman dans sa maison de retraite. Elle a été toute surprise (c'est déjà dimanche ?) et elle a ri. Et ensuite, vite, vite, j'ai ouvert la boutique car j'étais pressé d'écrire. Plus pressé d'écrire que de me réchauffer, au moins cela, car à l'intérieur, la température se maintient à quelques degrés au-dessus de zéro. Mais je suis heureux, comme si souvent après avoir communié, heureux de vivre, heureux sans pouvoir me l'expliquer à moi-même.
Mais c'est tout de même de ce bonheur que je témoigne, car s'il n'est pas de Dieu, de quoi es est-il ? En cours de route, je me disais: "Quel étrange destin, tout de même !". Après avoir tant couru vers les succès scolaires puis professionnels, les conquêtes féminines, les places d'honneur, les amitiés nombreuses, la vie facile et les voyages à travers le monde... et me retrouver seul un 27 décembre gelé, pressé de m'habiller non pour un rendez-vous galant, mais pour assister à une messe dans une chapelle, à huit kilomètres, avec les dangers du verglas sur la route, et pour trouver la compagnie de cinq autres aussi muets que moi... oui, tout de même, quelle étrangeté !
C'est que ce matin à nouveau j'ai reçu une force de joie qui dépasse tout ce j'ai pu connaître de joie depuis ma naissance jusqu'à l'âge de 29 ans. Et depuis, j'ai été entraîné dans toutes sortes de tempêtes, de tentations, quelques brimades aussi, et toutes les amitiés perdues, et l'incompréhension de certains prêtres... mais je suis là, aujourd'hui, et je crois que la saint Jean, ne serait-ce pas aussi la fête des écrivains, des libraires et des bouquinistes ?