Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 1,57-66.80.
Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Et tout le monde en fut étonné.
A l'instant même, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. (...)
L'enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël.
Dans ce récit de la nativité de Jean le Baptiste, j'ai remarqué aujourd'hui qu'il y a eu silence par deux fois. Le silence de Zacharie, dû à son manque de foi (il avait prié Dieu d'avoir un fils, mais devant l'archange, il avait réclamé des "preuves") - et le silence de Jean - qui part vivre au désert "jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël".
Je peux remercier le Seigneur, puisque, ce jour, aussi bien qu'hier et avant-hier, je suis parvenu à supporter un silence complet de la part des miens. Mais sans trop en souffrir. Après chaque Eucharistie matinale, pour peu que je veille à demeurer dans la joie intime de la communion, quatre à six heures passent comme une flèche : je travaille, je cours, je sers, je souris, je vis avec force de coeur. Mais survient le moment du "coup de fatigue", souvent vers 15 heures, et c'est à ce moment-là qu'il me faut grandir dans la foi !
Qu'est-ce qui est le plus difficile: courir de tous côtés avec le sentiment que l'Amour rend tout possible, ou devoir passer une ou deux heures dans un vide complet, lorsque le corps à commencé à récriminer ? Dans un premier temps, mon réflexe de décrocher le téléphone et d'appeler l'une ou l'autre connaissance. Mais s'il n'y a personne, si je ne trouve pas un contact verbal, je ressens un impérieux désir de distraction: un jeu sur mon PC ? Commander une boisson ? Ou bien, et c'est là que je puis me "fortifier": que j'accepte ce que j'éprouve, que j'affronte les réclamations de "frère âne", que j'offre la peine d'ennui que j'éprouve, qui me pèse sur l'esprit comme un casque de plomb.
Mes nuits ne sont bonnes que si j'ai épuisé toute mon énergie, et c'est pourquoi, le soir, avant de souper, je trie mes déchêts, je travaille au jardin je lie des paquets de publicités et de documents inutiles, tout en passant une lessive. Lorsque je suis complètement vidé, je peux prendre une douche et me coucher, un sommeil bienheureux est au rendez-vous.
Je traverse donc des périodes de creux et de bosses sur une journée. Que dire de ce que j'ai traversé en dix ans - en vingt ! Depuis ma conversion, que de moments de joie inégalée, mais aussi que de plongées dans des abysses de temps de désespérance, que de dire de ces moits de silence de Dieu où je suis descendu dans des ténèbres de dépression au point que je ne mangeais plus, et de tous ces événements injustes que je reprochais à mon Dieu ! A l'instant, je me souviens de la la voix rauque de Richard Nixon lors de son discours d'adieu au personnel de la Maison Blanche: "Only if you have been in the deepest valley, can you ever know how magnificent it is to be on the highest mountain !"... Car on ne peut bien goûter la magnificence de la haute montagne que si l'on a supporté l'ombre de la plus profonde vallée". N'est-ce pas une règle de la vie spirituelle : "Tout ce s'abaisse sera élevé, tout ce qui s'élève sera abaissé".
En sorte que nos chutes, nos lenteurs, nos pesanteurs, nos manque de souffle... ne doivent pas nous surprendre. Il faut les traverser, c'est tout. Lorsque nous auront été, comme une nouvelle lame, trempés dans le feu puis dans l'eau glacée, certes rien ne pourra plus nous faire dévier du chemin tracé pour nous par Dieu.
Voir le passage cité du speech de RN à 17:07 de ce reportage dont je donne le lien:
http://video.google.com/videoplay?docid=-5899400172693879410#