Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 7,15-20.
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
" Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. On ne cueille pas du raisin sur des épines, ni des figues sur des chardons.
C'est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits, et que l'arbre mauvais donne des fruits détestables.
Un arbre bon ne peut pas porter des fruits détestables, ni un arbre mauvais porter de beaux fruits.
Tout arbre qui ne donne pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez."
Eh bien, des faux prophètes, il y en a beaucoup de ce temps. Je ne vais pas enfoncer des portes ouvertes en reprenant, un par un, le nom de voyant(e)s de notre époque que l'Eglise a rejetés, mais il n'y en a beaucoup. Il plus est intéressant de lire que si des messages commencent à vous torturer d'angoisse comme des épines, ce n'est pas l'angoisse qui vous conduira, dans l'esprit, à la douceur, la grâce et le rafraichissement d'une grappe de raisins. Quant aux chardons, prenez garde de vous retrouver cernés par eux et incapables de faire un pas de plus, et de demeurer bloqués dans votre vie spirituelle: car si vous n'avancez plus, demain vous reculerez, et votre état sera pire qu'avant votre conversion.
J'ai eu dans les mains, durant des années, l'une ou l'autre revue qui mêlaient ainsi le bon et le mauvais. Ô piège subtil, auquel des écrivains et des commentateurs catholiques parmi les plus irréprochables, se sont laissés prendre eux aussi ! En premièe page, je découvrais avec plaisir un épisode de la vie de saint Jean-Marie Vianney, mais dès la troisième page, je tombais dans la description des châtiments réservés à ceux qui ne croiraient pas aux messages d'un(e) tel(le), lesquels étaient pénibles, chargés de menaces, décrivant des meutes de démons dévorer des enfants de Dieu "parce que le temps de la Miséricorde est achevé." Il y avait des citations du Livre de Daniel, des renvois sur des paragraphes de saint Paul, auxquels s'ajoutaient des dires de prêtres dont je n'avais jamais entendu parler. Et à la fin, toujours, cet ordre furieux attribué à Jésus : "Faîtes et je ferez !"... (Hélas, comment ne me suis-je pas souvenu plus tôt que le Christ de ma conversion, Celui en qui la brebis reconnaît le bon berger par son intonation de voix... comment ai-je pu oublier qu'Il nous a dit: "Par vous-mêmes vous ne pouvez rien faire" ?) Je lisais donc cette revue, on me la glissait dans les mains, et je me suis retrouvé dans des réunions assez insolites: après la récitation du chapelet, on nous passait la vidéo d'une voyante qui décrivait comment le démon arrachait le coeur de Jésus hors de sa poitrine, à travers des côtes broyées... Et après cela, après ces démonstrations sanglantes et horrifiantes, venait le moment de la discussion "à bâtons-rompus". Les participants remerciaient la généreuse dame qui les avaient invités, et ils se félicitaient les uns les autres de faire partie du petit nombre des "sauvés".
En fait de salut, je me suis retrouvé un jour devant mon ancien directeur spirituel (dont je m'étais curieusement détaché) et qui m'a ouvert les yeux... tout en me reprochant d'avoir oublié que je lui avais dit: "Je vous le dis comme saint François: la mesure de mon effort, c'est la Joie !" Car j'avais perdu la Joie. Et perdant la joie, j'avais aussi perdu l'effort !
A tous ceux et à toutes celles qui se sentent pris dans cet engrenage, je conseille de revenir souvent aux sources de leur foi, à ce qui s'est passé en eux lorsqu'ils sont choisi de revenir vers l'Eglise. Et quand à ceux qui n'ont jamais quitté l'Eglise, qu'ils se souviennent de leurs meilleurs jours.
La Charité ne passe jamais.
Les Prophéties ? elles disparaîtront.
Les langues ? elles se tairont.
La science ? elle disparaîtra.
Partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie....
Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra.
Il faut apprendre à dire et réapprendre à crier:
Jésus, j'ai confiance en Toi !
alors, vous avancez !