Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 4,26-34.
Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ :
nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, enfin du blé plein l'épi.
Et dès que le grain le permet, on y met la faucille, car c'est le temps de la moisson. »
Dès que le grain est tombé dans la bonne terre, il lève. C'est sans doute curieux, mais je me dis que l'homme de la parabole, c'est lui le champ. Il s'est converti. Bien qu'il demeure pécheur, l'Amour qu'il a découvert est en lui et va changer son être et sa vie. Cela paraît incroyable pour ceux qui pensent qu'ils ont le contrôle de tout ce qui les touche (alors qu'en réalité, il n'existe qu'une vraie liberté, et c'est d'adhérer au dessein du Seigneur).
En tout cas, je connais un homme qui a "levé" ainsi. Lorsqu'un jour il a voulu savoir comment il a fini par s'engager dans l'Eglise au service du Christ, il constate que les choses se sont enclenchées et se sont entraînées l'une l'autre sans qu'il puisse entrer dans le détail. Comment ce livre, qui l'a tant marqué, est-il arrivé entre ses mains ? Comment les contrariétés dans son travail, plutôt que de l'abattre, lui ont permis de se tirer d'un mauvais pas ? Et cet accident de voiture, qui l'a laissé intact, mais qui lui a permis de rencontrer un prêtre - lequel lui a fait découvrir sa vocation ? Il peut se remémorer les étapes, mais il ne sait pas dire "comment çà fonctionne". Et puis, il réalise que dans son quotidien, désormais, il ne peut jamais s'empêcher de voir dans la rue qui est malheureux, et qui ne l'est pas. Qui souffre et qui ne souffre pas. Sans formuler aucune parole, il plaint le malheureux et celui qui souffre. Souvent, très discrètement, il leur adresse un tout petit signe de croix qui est déjà prière. Il rend des services auxquels il ne songeait pas du tout quelques instants avant d'avoir retroussé ses manches. Tout semble aller de soi et pourtant il est devenu complètement "autre", ce qui apparaît en certaines occasions, lorsque les autres le poussent à témoigner.
Voici la vie de beaucoup de fidèles. Ce qu'il faudrait souligner, il me semble, c'est que quiconque a rencontré le Christ un jour, devient un autre homme dans la même chair. Je dirais aussi mon impression: une fois que j'ai ouvert la porte au Christ, le temps a commencé de passer très, très vite, tout simplement parce que je ne me suis plus posé de questions. Les choses, toutes les choses bonnes de la vie sont venues vers moi et j'oublie facilement les circonstances difficiles. En fait, je peux dire que, voilà, j'étais un égaré qui tournait en rond dans un désert; à présent, je peux déjà entrevoirble bout de cette route sur lequel le Seigneur m'a placé.