Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,27-38.
Jésus déclarait à la foule : « Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
C'est mon premier partage d'Evangile depuis lundi, le jour où je me suis fait hospitaliser afin d'en avoir le coeur net sur mes problèmes de digestion. (Au bilan, tout est okay, sauf concernant un "Clostridium difficile" marqué "douteux" ... mais douteux depuis six mois... je vais tout casser !)
L'Evangile d'aujourd'hui remet tout en question, tout l'ordre bien établi, toutes les valeurs tenues pour certaines qui nous permettent d'ignorer l'autre et de ne pas le regarder quand sa misère dérange. J'ai eu le temps de songer à ce bouleversement depuis mon lit d'hôpital, tandis que j'attendais la prochaine analyse, le prochain examen. Mon voisin de chambre, Jean-François, souffre d'une jaunisse depuis des mois et de multiples démangeaisons. Avec cela, son père vient de décéder et il a tout de même obtenu un bon de sortie d'une journée pour se rendre aux funérailles et voir sa fille. A son propos, un copain, venu me rendre visite, m'a soufflé à l'oreille: "Chut, lui je lui donne six mois à tout casser"... mais j'ai répondu à Christophe: "C'est toi qui dis cela ? Toi qui te promènes depuis un an avec une hernie abdominale dont tu retardes sans fin l'opération ?"
L'autre reste donc l'autre, pas un ennemi mais pas un ami, l'autre est l'étranger - celui à qui les choses arrivent... certainement pour une raison cachée qu'il est seul à connaître ?... J'ai également appris qu'Edith, mariée avec Pierre, deux grands croyants, en est au stade final de sa "longue et pénible maladie" (huit ans depuis l'ablation d'un sein). La foi n'est pas une garantie contre la maladie. La foi sert, quelle que soit notre situation, à nous préparer à la vie future...la foi ne sauve pas du terrorisme ni des tsunami, mais la foi nous oblige à regarder l'autre comme nous-mêmes. Plus souvent !
J'étais donc là, à prendre patience et je me suis mis à prier: je voudrais comprendre ce que je peux faire encore. En voyant tout çà, et tout ce qu'on voit aussi à la télévision, je me suis dit tout le temps: il y a quelque chose à en retirer, quelque chose à changer. Et je veux m'y mettre. Au plus tôt !
Avec cela, quelque chose de bizarre est arrivé. Il n'y a plus depuis longtemps de signes religieux dans les cliniques. Lorsque je suis arrivé, j'ai d'abord été placé dans une chambre d'attente où il n'y avait rien sur le mur. L'institution étant d'origine catholique, j'ai inspecté discrètement, en disant bonjour, les chambres aux alentours: rien à voir sur les murs ou dans les mains des patients... Mais le soir, après mon installation dans la chambre qui m'a été attribuée, comme je commençais à ressentir de l'angoisse, je me suis étendu sur mon lit. Et là, en regardant l'appareil de télé, je m'aperçois qu'un minuscule crucifix était fixé en dessous du support métallique de l'écran, juste en face de moi. J'entends dire: "coïncidence !", bien sûr. Mais sur le moment j'ai senti que le Seigneur m'avait attendu là, que j'avais bien fait, qu'Il m'avait voulu à cet endroit. J'ai donc prié régulièrement durant ces trois jours.
Aujourd'hui, j'ai obtenu mon billet de sortie vers 15 heures, et lorsque j'ai commencé à refaire mon bagage, à un moment donné, j'ai constaté la disparition de la croix. Comment est-ce possible : une simple croix dorée, sans la représentation du corps du Christ, mais visiblement une croix.... J'ai posé la question à la nettoyeuse qui ressortait, mais elle m'a répondu: "Je ne sais pas vous répondre, je suis nouvelle ici, mais vous savez, il n'y a pas de symboles religieux dans les chambres".
Ah, j'aurais donc prié trois jours et des heures la nuit en contemplant un crucifix inexistant ? Voire: lorsque j'ai passé la main sur le mur, il y avait tout de même un petit clou qui dépassait du mur...
Mais cette question demeure : comment tout bousculer dans nos vies ?
Sujet: Il faut tout changer 
