Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 19,16-22.
« Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. »
A ces mots, le jeune homme s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Le jeune homme riche est-il blâmé, est-il perdu pour le Royaume ? Non. S'il poursuit avec sincérité dans l'observance des commandements, dont celui d'aimer son prochain comme soi-même, il sera sauvé. Mais le Seigneur (dans un autre Evangile, il est indiqué qu'Il le regarda et l'aima) lui a proposé la perfection, l'abandon total, tout de suite, à l'instant. Chose qu'Il avait également proposé à Matthieu, le publicain, à sa table de collecteur d'impôts et Matthieu, lui, avait suivi immédiatement: car il est difficile de résister à un regard du Seigneur posé sur soi... Mais il y a tout de même une différence entre Matthieu et ce jeune homme: Matthieu avait de l'argent aussi, mais il était regardé par tous comme un homme mauvais, un traître et un voleur. Pas le jeune homme - celui-ci n'est pas seulement comblé de biens terrestres, il a également reçu une bonne éducation (ce qui se devine dans sa salutation) et c'est un homme délicat, attaché à ses acquits, à sa manière d'être. Alors, il suffit d'un instant d'hésitation, et c'est trop tard...
Ses grands biens l'ont retenu, parce que lui les considérait comme faisant partie intégrante de sa personne. C'est un peu fort de parler comme cela ? Je ne le crois pas: il y a parmi nous des gens "biens nés sous tous rapports". Ils ont l'intelligence, la beauté, ils ont de la prestance en public, ils sont rarement malades, ils ont toujours eu de l'argent, ils n'ont pas de perversions cachées... Cependant, quelle vision de l'existence ont-ils ? Je dirais qu'ils sont modérés. Leur seule manque, c'est d'avoir une passion. Une préférence. Un but, un idéal. A la vérité, ils ont reçu de tous les biens en abondance - et pour suivre Jésus, il faut au moins pouvoir reconnaître que l'on a besoin d'être secouru.
On n'entendra plus parler de ce jeune homme dans l'Evangile, mais rien ne dit qu'une fois rentré en lui-même, il ne se sera pas livré à un long débat intérieur. Je le vois bien revenir vers les disciples après la Passion pour leur offrir son aide. Il ne faut pas oublier saint François d'Assise, qui était lui aussi un jeune homme riche, et qui dû se battre pour pouvoir tout quitter et suivre le Christ...