Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,24-26.
Quelques jours avant la Pâque, Jésus disait à ses disciples: "Amen, amen, je vous le dits: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit.
Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle.
Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera.
C'était la fête de saint Laurent, diacre et martyr, romain devenu chrétien, et qui a toujours été très populaire. Une fois de plus, je suis arrivé à cette Eucharistie assez déprimé (car j'ai dû couper mon régime pour satisfaire à une obligation mondaine, et me voilà de nouveau malade.) Mais, peu avant la Consécration, la Joie m'a envahi. Je ne sais pourquoi le prêtre âgé qui célèbre, lui qui omet souvent le Credo, nous l'a fait récité. Il y a eu une belle unité de voix dans l'assemblée et c'est à ce moment que la Joie m'a envahi. Voilà, on peut être gêné du ventre et avoir la Joie. En moi-même, j'ai murmuré : comme je suis bien ici, à suivre la messe avec les autres ! Nous étions une dizaine - un 10 août à 8h du matin, c'est bien !
Je me suis encore demandé comment tous ces martyrs raisonnaient, ils semblent surmonter si facilement l'instinct de survie, la peur de souffrir... Ne traversent-ils donc aucune forme d'agonie, ou bien ont-ils été intérieurement "préparés" de longue date ?
J'ai trouvé ce récit de saint Ambroise:
Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre !... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »...
Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... »
Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Eglise. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : ' Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait ' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif.