Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 11,20-24.
Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas converties :
« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que les gens y auraient pris le vêtement de deuil et la cendre en signe de pénitence.
En tout cas, je vous le déclare : Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous, au jour du Jugement.
Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu'au ciel ? Non, tu descendras jusqu'au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville subsisterait encore aujourd'hui.
En tout cas, je vous le déclare : le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi, au jour du Jugement. »
Où est passé le bon Jésus, le Jésus « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » ? Dans ce passage, comme dans d’autres, Jésus sait se monter sévère et ce qu’il prédit de Capharnaüm ne concerne pas seulement les âmes impénitentes mais aussi le lieu où il a séjourné le plus souvent : car Capharnaüm a disparu. Sur Wikipedia, j’ai trouvé ceci : à l'époque du récit de l'Évangile, Capharnaüm comprenait un poste de douane et une petite garnison romaine commandée par un centurion. Le village, gravement endommagé par un tremblement de terre en 746, fut reconstruit un peu plus loin au nord-est mais, par la suite, son déclin et finalement son abandon au cours du XIe siècle sont mal connus.
Le Seigneur,là où Il passe, et cela nous concerne tout autant, exige la conversion, un retournement, un changement de vie radical. Et dans ce sens, certaines épreuves nous y aident, car elles nous conduisent plus directement là où nous pensions aller, même de bonne foi, pour nous convertir - mais sans y être parvenus. C’est que Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes, il connaît l’écheveau des événements et des traumatismes qui nous ont conduit à l’état de péché où nous étions lorsque nous l’avons appelé à notre secours… Dans cette entreprise de conversion, Il nous assiste de bout en bout.
Je pourrais dire en ce qui me concerne que je me suis efforcé d’abord de diminuer ma consommation de tabac – mais ce n’est pas par là qu’il me fallait commencer. Je devais d’abord « juguler » ma sensualité, laquelle avait été très perturbante à l’adolescence, et m’avait conduit à des attitudes imaginaires (très « viriles », dirions-nous) qui incluaient la consommation de tabac, bien sûr. Si j’ai finalement été délivré du tabac, ce fut donc après avoir finalement réalisé (utilité de la prière et d’un petit carnet de route !) que je m’attaquais à un symptôme plutôt qu’à la maladie. Un prêtre m’a ensuite invité à prier sainte Maria Goretti, et par son intercession, et par une hygiène de vie plus saine (exercices physiques réguliers), j’ai beaucoup mieux contrôlé mes pulsions et aussi la qualité de mon regard.
Je pourrais aussi parler de ma « peur de manquer », angoisse permanente durant mes cinq premières années dans le métier. Là aussi la prière m’a beaucoup aidé. Et à l’inverse, lorsque j’ai commencé à vouloir gagner toujours plus, j’ai été freiné par les accusations (tout à fait iniques, mais qui ont servi le dessein de Dieu) de mon principal concurrent.
Finalement, ce que reproche Jésus à Capharnaüm, Bethsaïde et Corazin, c’est de n’avoir pas entrepris le moindre effort pour répondre à l’appel de Jésus. Ils ont certes apprécié de compter un prophète parmi eux et de bénéficier de ses guérisons miraculeuses, mais ils ont entendu sans écouter, ils ont vu sans prêter attention. D’où cette exclamation de Jésus, lorsqu’il fait une déclaration importante : « Que celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »