Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 9,14-17.
Les disciples de Jean Baptiste s'approchent de Jésus en disant : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l'Époux est avec eux ? Mais un temps viendra où l'Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. Et personne ne coud une pièce d'étoffe neuve sur un vieux vêtement ; car le morceau ajouté tire sur le vêtement et le déchire davantage. Et on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve. »
Je suis laissé fasciner ce matin par les surprenantes associations d'idées que Jésus propose et qui mettent en rapport des pratiques religieuses et des tâches domestiques ! Cependant, si l'on relit le texte, on trouve la continuité entre les invités de la noce, le vêtement qui convient pour l'occasion, et le vin qui y est servi...
Les disciples de Jean sont semblables aux pharisiens s'ils se limitent à des rituels de purification et de conversion. Les disciples de Jésus découvrent la religion de l'Amour - il faut bien l'appeler ainsi puisqu'il s'agit de noces et que l'Epoux est avec eux. Or, quand l'Epoux leur sera enlevé, ils jeûneront eux aussi - mais de quel jeûne s'agirat-t-il ? Pour le savoir, prenez un moteur de recherche biblique et cherchez "Le jeûne qui plait à Dieu". Moi j'ai trouvé trouvé ce mot de Saint Aphraate (vers 345), moine et évêque près de Mossoul :
« Quel est le jeûne qui me plaît ? N'est-ce pas faire tomber les chaînes injustes ? » (Is 58,6)
Les Ninivites ont jeûné d'un jeûne pur lorsque Jonas leur a prêché la conversion… Voici ce qui est écrit : « Dieu vit qu'ils se détournaient de leurs mauvais chemins ; alors il détourna d'eux l'ardeur de sa colère » (Jon 3,10). On ne dit pas : « Il vit une abstinence de pain et d'eau, avec sac et cendre », mais : « Qu'ils revenaient de leurs mauvais chemins et de la méchanceté de leurs oeuvres ». Car le roi de Ninive avait parlé et dit : « Que chacun se détourne de sa mauvaise conduite et de la rapacité de ses mains » (v.8 ). Ce fut un jeûne pur, et il fut accepté… (...) Car, quand on jeûne, c'est toujours l'abstinence de méchanceté qui est la meilleure.
Et donc, la nouveauté de l'Evangile - nouveauté qui n'annule rien mais s'attache au coeur de la Loi, cette nouveauté demeurera visible, même après le "retranchement" de l'Epoux. J'ai vu
(mais au début sans rien leur trouver de particulier) des moniales dont le parfait sourire et la douceur de regard n'ont jamais été pris en défaut. Sans jamais avoir ouvert la bouche, elles ont réussi que cette fraîcheur évangélique est tout autre chose qu’un masque de bienséance !