"TU NE TUERAS POINT"
Ce 11 novembre 2008, 90ème anniversaire, première fête de l'armistice de 1918 sans un seul poilu survivant pour représenter tous les autres... Les millions de morts de la première guerre mondiale font d'autant plus impression que les positions des adversaires n'ont pratiquement plus changé dès la fin de la première année de conflit (en tout cas sur le front franco-allemand). Cet immobilisme me rappelle parfois les différents d'opinions, stériles et de plus en plus agressifs entretenus par les uns et les autres dans le simple but d'avoir raison... A plus grande échelle, cela donne la guerre des tranchées, les attaques et les replis successifs durant quatre ans, les explosifs déposés par des tunnels creusés sous les tranchées ennemies qui provoquaient des geysers de cent mètres de haut constitués de terre, de fer, de tissus, d'os, de chair et de sang... Ce fut surtout le triomphe du machinisme appliqué à "l'art" de la guerre, du canon lourd glissant sur des rails et des obus géants.
Au cours des années 80, j'ai visité l'Ossuaire de Douaumont. Des centaines de milliers d'os et de crânes brisés, s'y entassent pêle-mêle. J'en suis sorti avec une sorte de vertige mental, car je ne parvenais pas à me représenter combien d'hommes, de femmes et d'enfants gisaient là. Il n'y avait pas que des hommes: sous les averses d'obus tirés un peu à l'aveuglette (sans la précision "chirurgicale" chère aux partisans de la guerre "propre"), des villages entiers ont disparu d'un instant à l'autre, par erreur. On m'a dit ce matin que des maires sont encore nommés à titre fictif, pour qu'on n'oublie pas ces communautés englouties à jamais. La terre a donc été tournée et retournée, labourée, brassée, secouée, remuée tant de fois qu'à certains endroits, paraît-il, elle demeure toujours incultivable.
Le Caporal Adolf Hitler était là, près de quelque part près de Comines, petite ville qui s'étend sur la frontière franco-belge, non loin d'Ypres. En 1918, blessé par un obus à la cuisse, et aveuglé par le gaz moutarde, il ne mourut pas et obtint même une médaille. Et moi, près de soixante années plus tard, j'ai passé à Comines deux longues années et je me suis servi de cet épisode particulier dans un débat contre la peine de mort. On affirme si souvent que si Dieu existait, Il ne permettrait pas de telles horreurs - comment se fait-il qu'Hitler ne soit pas mort de ses blessures ? "Tout ce que ceci démontre une chose, ai-je dit, c'est que Dieu, Lui, ne tue pas !"