Le renversement des Béatitudes

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 6,20-26.
Jésus s'était arrêté dans la plaine, et la foule l'entourait. Regardant alors ses disciples, Jésus dit : " Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous! Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez ! Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme. Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation !
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes. Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Quel renversement dans les Béatitudes ! "Mais c'est le monde à l'envers !", dit la sagesse populaire chaque fois qu'une proposition déraisonnable est énoncée. Or, que dit ici Jésus ? Que ce sont les pauvres qui sont heureux, et avec eux, ceux qui ont faim, ceux qui pleurent, ceux sont rejetés, haïs, méprisés à cause de Lui, à cause de l'Amour.

En osant parler ainsi, ce que nul homme sensé n'eût fait à sa place, Jésus manifeste vraiment qu'il est le fils de Dieu. Et les signes qu'il laisse derrière lui, partout où il passe, guérisons, exorcismes, multiplication des pains, pêches miraculeuses, flots apaisés, et évidemment résurrection des morts attestent bien que le temps est venu: désormais, ce ne sera plus "le monde à l'envers", mais "le ciel à l'endroit" !

A partir de ce moment, chacun d'entre nous doit se poser la question: est-ce que je suis prêt à accepter ce renversement au coeur de ma propre personne ? Est-ce que j'adhère, est-ce que je dis Oui, en dépit même de la crainte de ce que ce monde peut infliger en douleurs à ceux qui le renient et renoncent à lui ?

Pour ce qui me concerne, ce m'est très facile de dire que tout est déjà joué: car jamais plus que ces dernières années je n'ai supporté autant de rejets; jamais autant que ces trois dernières années je n'avais à ce point pleuré dans mes mains l'indifférence de ceux en qui j'avais espéré; jamais je n'avais rencontré autant de tentations, plus pressantes les unes que les autres, de me distraire du contenu de ma foi; jamais je ne m'étais senti aussi malheureux - mais de manière injuste, inique, du fait d'avoir suivi le précepte: "Tes père et mère honoreras". Je ne sais toujours pas répondre si ce fut vraiment pour moi une vocation à part entière, ou bien si quelque chose d'autre me sera donné ensuite.

Le monde peut bien me tenter à tout ce qu'il voudra, et même dans le désespoir, c'est trop tard. Quand bien même la souffrance de la solitude et son immense chagrin devaient me reconduire à ce point de désarroi où l'on affronte le désespoir, je ne pourrais qu'y retrouver la première réponse que me donna le Seigneur : le monde est un menteur. Dans l’Évangile de Jean, Jésus le dit clairement à ses adversaires :"Vous venez du démon, qui est votre père, et vous cherchez à réaliser les désirs de votre père. Celui-ci, dès le commencement, a voulu la mort de l'homme. Il n'a jamais été dans la vérité, parce qu'il n'y a pas en lui de vérité. Quand il dit le mensonge, il parle selon sa nature propre, parce qu'il est menteur et père du mensonge". Et donc, j'ai confiance qu'un nouvel assaut de mensonge ne ferait pour moi qu'éclater de nouveau en ma faveur, à mes yeux éblouis, la "Splendeur de la Vérité".

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre.......

Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l'homme ancien qui est en vous, et revêtez l'homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance.

lire la suite(Col 3, 1-11)

Je retrouve en ces mots la parabole du vêtement qu'on ne répare pas avec du neuf, et du vin nouveau déposé dans des outres neuves.

Ce que j'ai entendu des béatitudes aussi ce matin est un renversement des valeurs, ou le vrai bonheur ne se trouve pas dans le prêt à porté dans l'immédiat, dans ce qui paraitrait nous rassasier maintenant, mais dans ce qui nous fait tendre vers ce qui ne fini pas. L'homme comblé ne dure pas, et cet état apparemment heureux, peut rapidement nous conduire à notre perte, mais ce que nous pouvons souvent calculer humainement de malheureux ici bas, est finalement ce qui nous a le plus fait avancer, parce qu'il nous a mis en quête du non périssable, du meilleur que rien ni personne ne peux nous enlever. Pas surprenant que certaines versions traduise les mots bien heureux par en marche. Oui ils sont déjà éveillé et en marche pour le Royaume touts ces petits béatifiés par Jésus. Pour les autres notre Seigneur tout Amour tente un réveil, en les remuant gentiment, eux que la vie a encore trop ménagé.

Citation :

Jésus dit : " Heureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous! Heureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Heureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez ! Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme. Ce jour-là, soyez heureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

N'es-ce pas un plus grand constat de notre pauvreté qui nous le fait chercher d'avantage, nous rattacher à Lui; Lui qui console, Lui qui nous accueille inconditionnellement, et pour qui nous sommes toujours unique et irremplaçable.

De cet Évangile m'est venu aussi un écho:

Citation :

Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation !
Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes.

Malheureux êtes-vous, vous qui n'avez pas encore pris conscience de vos pauvretés, vous qui n'avez pas eu encore le coeur lavé de vos larmes, vous qui êtes repus, et riez maintenant... car peut-être on vous déclare déjà bienheureux en ce monde, mais pour l'autre, tout est encore à faire pour vous, et un danger vous menace encore, qui est celui de passer complètement au côté de ce qui aurait pu vous rendre heureux éternellement.