Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,23-26.
Jésus disait : " Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qu'il y a de plus grave dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu'il fallait pratiquer sans négliger le reste.
Guides aveugles ! Vous enlevez le moucheron avec un filtre, et vous avalez le chameau !
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l'extérieur de la coupe et de l'assiette, mais l'intérieur est rempli de cupidité et d'intempérance !
Pharisien aveugle, purifie d'abord l'intérieur de la coupe afin que l'extérieur aussi devienne pur.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
[i]
La religion dénoncée ici par Jésus est celle qui se cantonne aux choses prescrites. Il faut bien reconnaître qu'il le fait avec beaucoup de verve, et les images qu'il donne sont fortes : enlever un moucheron avec un filtre pour ensuite gober un chameau ? Effectivement, quel manque de clairvoyance !
Mais l'aspect quelque peu ironique de la tirade s'efface rapidement devant la gravité du reproche. Celui-ci nous concerne nous aussi, car il serait vraiment trop simple à nous chrétiens, de nous croire du côté des bons et des gentils et de regarder les autres avec dédain. Et c'est une erreur également de s'imaginer que, puisque nous adhérons aux règles prescrites par l’Église, nous n'avons pas d'autres efforts à fournir !
Et j'en reviens à ce moucheron que l'on retire avec un filtre. Est-ce que le Seigneur reproche de l'enlever ? Non, il reproche de gober le chameau. Or, si je me place du point de vue spirituel, si je ne veille pas à expurger mon cœur d'une petite impureté, alors je me dispose à en admettre une plus grande.
Heureusement, si je puis dire, nous obtenons la grâce en passant par des épreuves. Saint Paul éclaircit bien le sujet en disant dans l'épître aux Hébreux, chapitre 12 : "Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d'une si grande nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui nous assiège, et courir avec constance l'épreuve qui nous est proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus, qui au lieu de la joie qui lui était proposée, endura une croix, dont il méprisa l'infamie, et qui est assis désormais à la droite du trône de Dieu."
Rejeter le fardeau, pour moi, c'est enlever le moucheron. (Je le dis pour moi-même car, dans la solitude, l'angoisse est un fardeau). Mais il existe une multitude de choses qui constituent un fardeau pour le chrétien : la crainte du lendemain, la peur de manquer, la prière distraite, ou bien encore: ce faux confort qui consiste à penser "Je crois et je pratique, tout va bien !" Pratiquer notre foi est une bonne chose, pour autant que nous suivions les appels de l'Esprit qui nous tire ou nous pousse afin que nous courrions l'épreuve.
L'épreuve nous purifie. L'épreuve fait suer abondamment, l'épreuve peut être une souffrance physique ou une souffrance morale, car il est nécessaire que nous ayons l'occasion de réaffirmer notre foi lorsque la vie devient plus difficile.
Ce matin, à cause du très gros orage qui s'est fait entendre dès cinq heures, j'ai failli renoncer à me rendre à la chapelle; je me disais en effet: la route sera très difficile (et outre cela, mon 'côlon irrité' et quelques vertiges m'invitaient à demeurer au lit). Mais je prie dès mon réveil et je me suis vite retrouvé en voiture tout de même, en ayant rejeté mes appréhensions. J'avais abandonné le fardeau pour courir l'épreuve.
Or, parvenu à destination, au moment ou la célébration a commencé, avant même de passer la porte de la chapelle, il fallait franchir l'eau qui perçait de la gouttière trouée. Il faisait noir comme en pleine nuit, quelle sensation ! Mais au moment où le prêtre a commencé la Consécration, la pluie a baissé d'intensité, et au moment où nous avons communié, elle avait complètement cessé. Puis tous ont regagné leurs voitures, et la pluie est retombée de plus belle. On me dira que je vois l'intervention du Seigneur un peu trop vite dans de simples coïncidences et je réponds : soyez plus attentifs et vous remarquerez ces coïncidences plus souvent !
Si aujourd'hui, j'ai pu venir à l'Eucharistie en traversant un orage et avec quelques vertiges causés par ma digestion toujours difficile, c'est que je me rends capable de continuer à vivre ma foi malgré d'autres 'haies' à sauter avant d'atteindre la ligne d'arrivée.
Je prie le Seigneur de me donner, sinon chaque jour la Joie, du moins la foi de confiance qui conduit à l'espérance.