Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 3,13-19.
Jésus gravit la montagne, et il appela ceux qu'il voulait. Ils vinrent auprès de lui,
et il en institua douze pour qu'ils soient avec lui, et pour les envoyer prêcher
avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais.
Donc, il institua les Douze : Pierre (c'est le nom qu'il donna à Simon),
Jacques, fils de Zébédée, et Jean, le frère de Jacques (il leur donna le nom de « Boanerguès », c'est-à-dire : « Fils du tonnerre »), André, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée, Thaddée, Simon le Zélote,
et Judas Iscariote, celui-là même qui le livra.
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Ainsi que Bruno, qui se fit appeler Étienne... J'avais envie d'écrire cela, moins en me songeant que cela sera vu comme une manifestation d'orgueil, que du fait de la nécessité pour moi de souvent replonger à la source. Je ne reproduirai pas le témoignage de ma conversion, mais je voudrais réaffirmer mon engagement. Autre précaution: je ne fais partie du cercle des douze (tous prêtres) mais de ceux dont Jésus parle quand Marc écrit: "Il appela ceux qu'il voulait". Et qui sont anonymes.
Ceci dit, ayant découvert lors de l'une ou l'autre lecture, que de nombreux catholiques font librement des tris entre les dogmes et la manière de vivre leur foi, j'attendais une occasion de réagir. En ce qui me concerne, au moment où j'ai dit Oui au Seigneur, dans le torrent d'émotions mêlant la joie et la contrition, il demeurait certains points que je n'avais pas compris - ce qui ne m'a pas empêché d'adhérer à tout, aussitôt et sans retour possible.
Par exemple, je n'avais pas compris pourquoi le Christ m'avait fait écrire: "Il donnait sa vie pour moi, non à cause du péché, mais parce qu'il ne supportait pas que je demeure dans le malheur à cause du péché". Il y avait dans cet énoncé une nuance qui m'a demandé une très longue introspection afin d'en dégager. Ce malheur dont j'ai été délivré, c'était la désespérance, laquelle peut s'avérer encore plus dangereuse que le péché - puisque c'est sur elle que le démon s'appuie en vue de nous détruire.
Je n'avais pas compris non plus certaines exigences du catéchisme, ni le mystère de la Trinité (on s'en doute !), mais j'ai dit tout de même dit Oui à tout, sans la moindre réserve. Je me suis dit: peu importe, l'essentiel est fait et le reste, j'aurai toute ma vie - et l'éternité ensuite, pour le découvrir. Jésus n'avait-il pas dit lui-même : "J'aurais beaucoup d'autres choses à vous dire, mais pour l'instant, vous n'auriez pas la force de les supporter" ? Ce qui n'empêche pas l'adhésion complète et irréversible.
D'où ma révolte lorsque je lis à propos de certains textes des affirmations du genre: "les choses ne se sont certainement pas passées comme elles sont décrites" ou encore: "il s'agissait d'une image". Ah ? Dans un journal de ma paroisse, j'ai lu un jour que, dans l'épisode de la Transfiguration, l'évangéliste avait simplement donner un symbole de la prière du Christ; de même, dans un livre, les apparitions du ressuscité à ses disciples, étaient toutes du type des "visions mystiques", etc. C'est devenu une mode de sélectionner dans les textes bibliques ce qu'on veut bien croire, de même que l'on trie dans l'enseignement de l'Église pour choisir ce que l'on en retiendra...
Pour moi, donc, qu'il n'en soit jamais ainsi. Peu m'importe que l'Église ait condamné à tort Galilée, puisque le mouvement des astres n'entre pas dans mon désir de salut. Tout concourt au bien pour celui qui croit. J'ai entendu un jour une voix intérieure, que j'ai reconnue et qui me disait : "Veux-tu souffrir pour moi ?" et j'ai répondu, d'un seul coup, instinctivement: pourquoi moi ?". Mais ensuite, l'écho qui m'est revenu de la croix fut: 'Et moi, pourquoi moi ?"
Que notre adhésion ne soit donc pas mélangée, mais complète. C'est bien ce que j'ai retenu ce matin de l'Évangile.